Mercredi 4 décembre 2013, tous les élèves de 3e ont assisté à une conférence avec trois Résistants de la Seconde Guerre mondiale dans la salle polyvalente du collège. Les élèves nous racontent cette rencontre inoubliable.
Nous avons rencontré M. Biaux, ancien déporté en camp de concentration, aujourd’hui âgé de 88 ans. Il n’avait que 15 ans lorsque la guerre éclata. Il entra dans le réseau de résistance eurois « Vengeance » à 17 ans, en février 1942. Il distribuait des tracts, était responsable des cartes d’alimentation, puis était chargé de raccompagner les pilotes "états-uniens" et britanniques parachutés en Normandie jusqu’à Paris.
Le 20 mai 1944, il fut dénoncé avec 7 autres personnes du réseau par un agent de police qui voulait se faire de l’argent (qui fut fusillé à la fin de la guerre pour avoir collaboré). M. Biaux fut donc emprisonné à Évreux, puis déporté dans un camp de concentration en Allemagne. Ce fut un voyage de deux jours et demi, dans un wagon à bestiaux, sans eau ni nourriture, au bout duquel l’attendait un camp de concentration. Arrivés à Neuengamme (en Allemagne), lui et tous les autres déportés reçurent un matricule, seule identité dans cet endroit horrible. M. Biaux nous a dit que la première chose qu’il vit, ce fut un Kapo frappant un détenu d’environ soixante-dix ans, déjà mort.
Les nuits, les prisonniers dormaient sur la paille. Ils devaient se lever à quatre heures du matin, se laver puis sortir pour l’appel qui pouvait durer de 30 minutes à plus d’une heure par des températures de -15 à -20 degrés. Les seuls moyens de différencier les différents prisonniers, c’étaient des triangles qu’ils portaient, de couleur différente selon la raison pour laquelle ils avaient été déportés. Monsieur Biaux portait des chaussures, plutôt des semelles, des semelles en bois avec le dessus recouvert d’une fine toile, récupérées sur des morts, les chaussettes aussi étaient récupérées sur des cadavres. Il portait un pantalon et une veste rayée bleu et blanc. Pour les repas c’était un demi litre d’eau chaude colorée pour le matin, une soupe avec trois ou quatre feuilles de choux noyées dans un litre d’eau le midi et le soir la soupe avec une petite tranche de pain (contenant de la sciure de bois) et un petit morceau de margarine. À son arrivée au camp il pesait 73 kg, quand il en est revenu onze mois plus tard, il pesait 36 kg. Ses travaux au camp consistaient à creuser des trous profonds pour ensuite les reboucher, de décharger des péniches pleines de ruines de villes détruites. Le camp était dans un marécage, et un fois, lorsqu’il creusait, il trouva le crâne d’une femme.
Chaque faux pas exposait les prisonniers du camp à de sévères punitions. Pour une erreur quelconque, c’était vingt-cinq coups de fouet. Pour une plus grosse erreur, cinquante coups de fouet, auxquels la personne succombait souvent avant la fin. Un sabotage, prouvé ou non, signifiait la pendaison. Tout le monde était forcé d’y assister.
Le jour où le camp allait être libéré par les Alliés, les Allemands ont emmené tous les prisonniers sur trois navires. Les bateaux furent bombardés par les Alliés, deux coulèrent, celui de M.Biaux resta assez longtemps à la surface de l’eau pour qu’il puisse regagner la côte. Le naufrage de ses trois bateaux fit 7 000 morts et seulement 300 survivants dont M.Biaux faisait partie. Le voyage en bateau dura 13 jours et pendant il ne put ni manger ni boire. Alors, quand il arriva dans une maison et qu’il but de l’eau, ça l’a rendu malade, il devait réhabituer son corps à manger et à boire. De Belgique il fur ramené à Paris, il fut examiné et avec son état grave devait être emmené en Suisse mais lui refusa, tout ce qu’il voulait c’était rentrer chez lui en Normandie. Ce qu’il fit.
Nous avons également rencontré M. et Mme Leprévost. M. Leprévost était âgé de vingt ans lorsque la guerre commença. Avec sa fiancée (puis épouse), ils faisaient eux aussi partie du réseau de résistance "Vengeance" qu’ils rejoignirent en décembre 1941. Ils ont fabriqué de faux cachets de mairies Allemandes et avec, ils ont fabriqué 800 fausses cartes d’identité. M. Leprévost a fait son S.T.O ( service du travail obligatoire) à la base aérienne d’Évreux, dirigée alors par les Allemands. Il devait prendre des photos des plans allemands et les remettre au chef du réseau qui lui, plus tard, les envoyait à Londres pour mieux préparer la Libération. Un jour il se fit arrêter et fouiller avec une arme braquée sur lui mais heureusement, il avait enlevé l’appareil photo de son vélo la veille.
Mme Leprévost aussi a eu beaucoup de chance car un jour, alors qu’elle devait emmener à réparer un poste radio en ville, au moment ou elle passa près de la caserne Allemande (où se trouve actuellement le cinéma d’Évreux) il y a eu une alerte au bombardement et un soldat allemand lui fit signe de se mettre à terre. Ensuite, il aurait très bien pu la fouiller et trouver le poste radio et à ce moment-là, c’était fini pour elle. Elle ne s’est pas fait arrêter. Avec son mari, ils avaient été prévenus de l’arrestation de leurs camarades et ont réussi à s’enfuir in extremis à la campagne...dix minutes plus tard, la Gestapo arrivait chez eux. Ils avaient été prévenus par la femme du chef du réseau. Ils partirent vivre dans une grotte pour échapper a la Gestapo. Ils se sont mariés en 1943 et fête donc cette année leur 70 ans de mariage, leurs noces de platine !
Pour tous ces actes, M. Leprévost a reçu la légion d’honneur et la médaille militaire.
Cette rencontre était vraiment très intéressante car jusqu’à présent, les histoires de la Seconde Guerre mondiale nous étaient enseignées en cours ou dans les manuels scolaires mais là, elles étaient racontées par des personnes qui ont vécu cette période historique. J’ai aussi trouvé impressionnante leur mémoire. On a l’impression qu’ils se souviennent du moindre détail, de la moindre histoire de cette période lointaine.
À la fin de la rencontre, nous leur avons demandé si ils seraient prêts à recommencer, ils nous ont dit que oui, pour sauver la France ils seraient prêts à recommencer ! Belle preuve de patriotisme.
IMPRESSIONS D’ÉLÈVES
Ce moment partagé avec les anciens Résistants est inoubliable, bien au delà des cours d’histoire, ces Résistants nous ont montré leur patriotisme et l’importance de la France pour eux. Ce sont des témoins d’une effroyable guerre, ils ont fait preuve d’un énorme courage en refusant la soumission. Ils nous ont dit que leur pays comptait plus que leur propre vie. Ils ont refusé d’obéir car ils ont estimé que les valeurs humaines n’étaient plus respectées. Cela m’a permis de comprendre le passé, il faut toujours être attentif pour que de tels actes ne se reproduisent plus. Ils ont choisi la liberté pour servir leur pays et je trouve impressionnant que de telles choses aient été accomplies pour la liberté de notre pays. (...)
Cette rencontre m’a permis de mieux comprendre le Résistance et l’Occupation, et c’est une preuve de souvenir et qu’il ne faut jamais oublier ce qu’il s’est passé. Merci aux professeurs qui ont contribué à cette formidable rencontre.
Face à ces déclarations, j’ai été très triste et touché. Je ne m’étais jamais imaginé qu’on puisse vivre autant de choses atroces. J’ai ressenti beaucoup de douleur aussi. Les entendre parler de ce qu’ils ont vécu, de ces horreurs qu’ils ont subies est vraiment touchant. Entendre Monsieur Leprévost chanter Le chant des Partisans était un grand moment qui restera dans l’histoire du collège. Il a entonné cet hymne de la Résistance exactement comme à cette époque. J’ai appris beaucoup de choses sur la Guerre que je ne m’étais jamais imaginées, comme les tortures atroces dans les camps. J’ai compris la haine qu’ils ont pu ressentir envers les responsables de ce génocide. Des millions d’êtres humains sont morts et aujourd’hui on ne doit pas oublier pour que l’histoire ne se répète pas !
À la fin de cette rencontre, les résistants nous ont adressé des paroles sages, nous faisant bien comprendre que l’entente est primordiale.
J’ai été réellement touchée par cette rencontre avec des personnes qui ont vécu cette période. La façon dont ils évoquaient ces évènements, et la précision de leurs souvenirs étaient très émouvantes.
J’ai appris des choses historiques, mais aussi que le courage, la persévérance et l’amour de son pays peuvent faire de grandes choses.
On se souviendra encore longtemps des paroles de ces personnes qui, ayant vu toutes ces atrocités, nous ont imploré de ne surtout plus faire la guerre.
Vos commentaires
# Le 24 janvier 2014 à 22:06, par Antoine Bonamy En réponse à : Devoir de mémoire : rencontre avec des Résistants
J’aurais bien aimé être là, entendre un récit sur un période importante de l’Histoire raconté par des personnes qui l’ont vécu ça doit être exceptionnel.
# Le 1er mars 2014 à 19:08, par Tifany En réponse à : Devoir de mémoire : rencontre avec des Résistants
j’aurais énormément appréciée être encore parmi vous et partager ce sublime moment plein d’histoire et d’anecdotes de notre pays .
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